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Avec un immense hologramme de la situation stratégique flottant au niveau des ténèbres du plafond et des douzaines d’écrans de contrôle éparpillés dans la fosse en contrebas, la salle de commandement des forces armées de la Nouvelle République évoquait plus un aquarium galactique qu’un quartier général. L’hologramme principal représentait les grands tracés de la galaxie. Un large ruban écarlate marquait la route d’invasion des Yuuzhan Vong. En à peine deux ans, les extraterrestres avaient foré une percée qui allait du Bras de Tingel jusqu’à l’espace Bothan. Trois ramifications bien distinctes menaçaient la Bordure Intérieure. Deux pointaient vers Dura et Fondor. La troisième, qui avançait vers Bilbringi, n’avait pas encore franchi la Bordure. Mais Leia savait que cela ne tarderait pas. Les envahisseurs détruisaient les vaisseaux bien plus vite que la Nouvelle République ne les construisait et Bilbringi ne disposait pas de défenses importantes. Leia s’interrogea sur l’attention que le Comité de Supervision Militaire de la Nouvelle République, le CSMNR, allait accorder aux réfugiés de Talfaglio. Elle se demanda, d’ailleurs, s’ils pouvaient se permettre de prendre réellement en considération leur existence.

Bien ennuyée de devoir à nouveau s’engager dans les corridors tortueux de la négociation et du pouvoir de Coruscant, Leia s’appuya sur le bras de son fils et s’avança sur la mezzanine. Cela faisait plus de vingt-quatre heures qu’elle avait repris connaissance, après le contact avec le sang toxique du voxyn, mais elle avait toujours besoin d’un soutien pour se déplacer. Elle se considéra comme très chanceuse. Les Noghri, qui avaient subi le plus fort de l’attaque, reposaient toujours, inconscients, au fond des cuves à Bacta, avec de graves blessures aux tympans et aux poumons.

– C’est assez encourageant, dit Jacen. (Il avait décidé de rester avec sa mère pendant que Han repartait pour Eclipse afin d’y convoyer les cadavres des voxyns.) S’ils nous laissent entrer ici, cela doit certainement signifier que notre réputation au sein du Sénat n’est pas si mauvaise.

– Ne te laisse pas trop abuser par tout ceci, dit Leia. Il y a toujours une raison derrière celle qui pousse Borsk Fey’lya à faire quelque chose. Ecoute avec tes yeux, Jacen. Regarde avec tes oreilles…

Tout en avançant, Leia ne prêtait guère attention aux écrans qui scintillaient en contrebas de la mezzanine. Il existait une salle similaire, bien que moins sophistiquée, sur Eclipse. Les informations y étaient tenues à jour grâce à des transmissions secrètes fournies par un officier de commandement sympathisant. Leia savait que les hologrammes représentaient plusieurs douzaines de flottes en transit entre les stations, ainsi qu’un nombre alarmant de batailles spatiales. Depuis un an, la situation n’avait pas beaucoup évolué. Les Yuuzhan Vong renforçaient, petit à petit, leur emprise sur les territoires occupés, mais leur avance demeurait bloquée dans le secteur Corellien.

Leia et Jacen passèrent devant un hologramme qui dépeignait l’ambiance de travail frénétique régnant aux chantiers navals de Bilbringi. C’est alors qu’une large plate-forme élévatrice monta de derrière une image tridimensionnelle d’un conflit mineur ayant éclaté près de Vortex. Borsk Fey’lya en personne se trouvait sur la plate-forme. Ses traits sauvages de Bothan se tordirent en un vague sourire de bienvenue. Sa fourrure couleur crème ondula d’une façon que Leia avait appris à interpréter depuis longtemps comme une expression de gêne caractéristique à cette espèce.

– Princesse Leia, votre présence nous honore.

– Vous n’avez pas trouvé de place dans votre agenda pour permettre à un ancien chef de l’Etat de s’adresser en personne au Sénat ? demanda Leia. (La guerre empirait et le soutien dont bénéficiait Fey’lya s’amenuisait. Elle pouvait se gagner plus d’alliés en le traitant sèchement.) Vous n’allez tout de même pas me dire que les choses vont si mal, n’est-ce pas ?

Le sourire peu sincère de Fey’lya demeura figé sur son visage.

– Je suis ravi de constater que vous vous êtes si rapidement rétablie de votre rencontre avec l’un de ces tueurs de Jedi. (Il ouvrit lui-même la porte de la plate-forme, signe qui prouvait combien son pouvoir s’était amenuisé.) On peut certainement vous trouver une place dans l’agenda, si vraiment vous y tenez, mais le CSMNR étudiera plus attentivement votre proposition en séance restreinte. Je vous en prie, venez avec moi.

Leia lâcha le bras de Jacen et gagna la plate-forme élévatrice. Ils descendirent pour gagner la salle de conférence du comité. Là, Leia avança jusqu’au pupitre d’orateur. Des sénateurs, assis sur des gradins en hémicycle, attendaient de l’autre côté de la pièce.

– Nous vous remercions de votre venue, dit Fey’lya, la rejoignant sur le podium, et nous souhaitons également la bienvenue à votre compagnon Jedi.

– Jacen est ici en tant que garde du corps personnel, dit Leia, justifiant ainsi la présence de son fils et écartant toute question sur le fait que le conseil n’avait pas délégué de Chevalier plus aguerri. Ceci n’a rien à voir avec les Jedi. Il ne s’agit que d’un sujet concernant SELCORE.

– Bien entendu, répondit Fey’lya d’un ton aimable. Nous avons étudié votre rapport. Il requiert toute l’attention du CSMNR.

Intriguée par le soutien inattendu du Bothan, Leia se tourna vers lui.

– Et ?

– Et, malheureusement, ceci concerne bien les Jedi, lança une voix féminine très mielleuse. Ne sont-ils pas la seule et unique raison pour laquelle les Yuuzhan Vong retiennent des otages de Talfaglio ?

Leia se tourna pour voir une élégante femme aux cheveux noirs de jais se lever de son siège. Jeune et sensuelle, sénateur de la planète Kuat, monde connu pour ses chantiers navals, Viqi Shesh défendait farouchement auprès du Conseil de Surveillance l’importance de son monde natal dans l’effort de guerre. Elle possédait également des appuis parmi les membres les plus influents du Sénat. Elle avait fait preuve de ses talents de négociateur, changeant son fusil blaster d’épaule avec une aisance qui effrayait les Bothan et n’hésitant pas à se servir de sa position politique pour améliorer ses revenus. Moins d’un an auparavant, en tant que sénateur administrateur de SELCORE, l’organisme chargé de la sélection des ressources destinées aux réfugiés, Shesh avait passé un accord fort bénéfique pour elle, visant à détourner des ressources vitales prévues pour les camps de réfugiés sur Duro. Leia avait été incapable de rassembler suffisamment de preuves pour obliger cette femme à démissionner du Sénat, mais l’affaire avait causé assez de remous pour lui faire perdre sa place au sein du comité. Comment cette personne dénuée de scrupules était-elle parvenue à se frayer une place au cœur du très influent – et hautement secret – CSMNR ? C’était encore un mystère. Mais la tirade d’ouverture de la Kuati indiqua clairement à Leia qu’elle-même et les Jedi se trouvaient en présence d’une ennemie très puissante.

Invoquant la Force pour se donner courage et patience, Leia soutint le regard du sénateur.

– Les Yuuzhan Vong ont menacé de détruire le convoi de réfugiés si les Jedi ne se rendent pas, c’est exact. Mais, en considérant que les Jedi décident de se soumettre, ne croyez-vous pas que la prochaine exigence des Yuuzhan Vong sera de leur livrer les chantiers de construction de Kuat ?

– Cela n’a jamais été dans les habitudes de la Nouvelle République de céder au chantage, dit Fey’lya, interrompant la discussion avant que les choses ne s’enveniment. La question est : que pouvons-nous faire sans en venir à la reddition ?

– Je crois que nous ne pouvons rien faire, dit Shesh en regardant Fey’lya. Peut-on jeter un coup d’œil au secteur Corellien ?

Le Bothan s’empara d’une télécommande et l’hologramme principal pivota pour afficher le secteur concerné. Le système Corellien était entouré par un barrage de frégates de la Nouvelle République. Celles qui se trouvaient près de Duro brillaient avec plus d’intensité, indiquant qu’elles étaient probablement en train de faire face à des tirs de vaisseaux ennemis. La planète Talfaglio était encerclée par un essaim de corvettes Yuuzhan Vong. Un unique croiseur, posté au centre de la formation, devait leur fournir le soutien logistique nécessaire. Mais c’était le système de Jumus qui était le plus inquiétant. A un très court saut dans l’hyperespace de Corellia et de Talfaglio, il servait à présent de base à la majorité de la flotte qui avait fondu sur Duro.

– Comme vous pouvez le voir, les Yuuzhan Vong espèrent que nous allons tenter de briser leur blocus, dit Shesh, indiquant le petit rassemblement de vaisseaux en orbite autour de Corellia. Dès que nous agirons, ils attaqueront et ils n’auront qu’à se baisser pour ramasser leur trophée.

– Pas si nous les prenons à revers, dit Jacen. (Il indiqua un point au-dessus de leurs têtes, traçant une route tangente au Noyau Profond, jusqu’à l’arrière du secteur.) Si nous introduisons secrètement trois destroyers stellaires par ici, nous pouvons anéantir leur blocus et repartir avec le convoi avant même qu’ils aient le temps de réagir.

– Ah, voilà qui leur donnerait une bonne leçon, dit Kvarm Jia, un sénateur à barbe grise du secteur Tapani. Où pouvons-nous trouver trois destroyers stellaires ?

– Oui, bien sûr, où va-t-on dénicher trois appareils tout juste bons à balancer à la poubelle, hein ? intervint Shesh, prompte à réduire le soutien de Jia à néant. A moins que vous ne suggériez de sacrifier une autre planète à l’ineptie des Jedi…

Deux sénateurs se mirent à parler en même temps. Comprenant qu’ils avaient des avis parfaitement opposés sur la situation, chacun essaya de couvrir la voix de l’autre. Fey’lya appela au calme, mais fut immédiatement rabroué par les sénateurs de la coalition anti-Jedi qui, à leur tour, furent hués par les supporters de Jia. Bientôt, tous les sénateurs présents sur les gradins se joignirent au tumulte généralisé.

Jacen jeta un coup d’œil à Leia et secoua la tête, l’air dépité.

Habituée à la nature bestiale des politiciens de la République, Leia passa le temps en comptant les membres de l’assemblée. Elle se rendit compte rapidement que le comité était presque divisé en deux moitiés égales. Elle emprunta alors le sabre laser de Jacen – elle avait délibérément laissé le sien, espérant ainsi bien faire comprendre qu’elle se présentait au comité au nom de SELCORE et pas en tant que Jedi – et se tourna vers Fey’lya.

– Puis-je ? dut-elle crier pour se faire entendre.

Le Bothan hocha la tête et fit un pas en arrière.

– Je vous en prie !

Leia activa la lame. Son éclat et son sifflement si caractéristiques interrompirent toutes les conversations. Se retenant de sourire face à la réaction de l’assemblée – l’arme agissait après tout comme un rappel du pouvoir éternel des Jedi –, elle éteignit la lame d’un coup de pouce.

– Je vous prie d’excuser cette dramatique mise en scène, dit Leia, rendant son arme à son fils. En me présentant ainsi à vous, je n’avais nullement l’intention de semer pareille discorde au sein du CSMNR. C’est bien la dernière chose dont cette République ait besoin. Peut-être le comité pourrait-il se contenter de soumettre la proposition de Jacen aux voix et nous en aurions terminé pour aujourd’hui ?

– Voter ? Maintenant ? demanda Shesh en plissant les yeux. Pour que vous et votre fils puissiez utiliser vos pouvoirs télépathiques de jedi ?

Leia se força à afficher un sourire tolérant.

– Ces trucs ne fonctionnent que sur les faibles d’esprit. Et je peux vous assurer qu’au sein de ce comité personne ne l’est.

La plaisanterie déclencha un rire de soulagement au sein des deux factions de l’assemblée.

– A moins que vous n’ayez peur de perdre le contrôle, Sénateur Shesh, se moqua Jia.

– Moi, je ne perdrais rien du tout, Sénateur Jia, dit Shesh. Ce serait la Nouvelle République qui perdrait tout. Mais votons, votons, je vous en prie.

Fey’lya avança jusqu’à son estrade et lança le scrutin. Le cerveau-droïde des gradins annonça les résultats une fraction de seconde avant même que le dernier sénateur ait poussé le bouton de son clavier de vote. Comme Leia s’y attendait, la résolution passa avec une différence de deux voix, ce qui n’était pas assez pour autoriser l’action sans le consentement absolu du Sénat. C’était suffisant, en revanche, pour permettre à Fey’lya de se servir de son autorité dans le respect du secret militaire, d’éviter ainsi le risque que présentait une réunion plénière et de « déclarer » officiellement que la majorité nécessaire avait été acquise. Etant donné la déférence dont il avait fait preuve quelques instants auparavant, Leia attendait de lui qu’il prenne la décision qui s’imposait.

Mal à l’aise, cependant, à l’idée de devoir quelque chose à un Bothan, elle se tourna vers Fey’lya.

– Alors, Chef Fey’lya, allez-vous déclarer la majorité ? Vous tenez là une chance de sauver des millions de vies.

La fourrure de Fey’lya ondula à nouveau, trahissant combien sa position de chef de l’Etat était devenue bien futile.

– S’agit-il de la possibilité d’en sauver des millions ou d’en sacrifier des milliards ?

– Pardon ? (Leia fut surprise par le ton de colère de sa propre voix. Peut-être était-ce dû à la fatigue, ou bien à la surprise d’avoir si mal calculé son coup. Elle se sentit obligée de lutter pour contenir la volée d’invectives qui lui vint à l’esprit.) Mais, Chef Fey’lya, ce plan est un bon projet…

Fey’lya leva une main en un geste apaisant.

– Et je ne dis pas le contraire. Mais vous devez savoir ce que la perte de trois destroyers stellaires signifierait pour nous. Nous pourrions perdre dans la foulée une bonne douzaine de planètes. (Il passa ses doigts dans la touffe de fourrure crème qui lui poussait sur la joue, puis reprit la parole, d’un ton délibérément songeur :) Je vais demander à l’armée d’étudier la question.

– Etudier la question ? intervint Jacen. Le convoi aura été réduit en poussières d’étoiles au moment où ils en arriveront à une conclusion !

– Je suis certain que le Général Bel Iblis fera accélérer les choses, dit Fey’lya d’un ton égal. En attendant, nous patienterons.

– Nous patienterons ? (Dans son état de faiblesse, Leia ne parvint pas à conserver un ton mesuré. Elle connaissait Garm Bel Iblis qui, tout comme Wedge Antilles, avait été rappelé dans ses fonctions lorsque la guerre avait éclaté. Il agirait aussi vite que possible. Mais, en admettant qu’il parvienne à faire accélérer les rouages de la bureaucratie, il n’existait aucune garantie d’obtenir satisfaction.) Comment pouvons-nous patienter face aux Yuuzhan Vong ?

Fey’lya retroussa les babines et grogna d’une façon que Leia interpréta comme vaguement rassurante.

– Nous allons demander à Tsavong Lah de nous envoyer un émissaire pour discuter de cela.

– Un émissaire ? hurla Jia. Mais ils pourraient croire que nous demandons un délai pour accepter leurs conditions !

Les oreilles de Fey’lya se couchèrent vers l’avant de sa tête, de façon presque malicieuse.

– Précisément, Sénateur. Et cela va nous permettre de gagner du temps. (Le Bothan se tourna prestement vers Leia.) Mais soyez tranquille, Princesse. Quelle que soit la conclusion du Général Bel Iblis, nous ne dirons qu’une seule chose à l’émissaire : que les menaces des Yuuzhan Vong ne font que renforcer les liens qui unissent la Nouvelle République aux Jedi.

Jia se mit à sourire.

– Un point qu’il faudra souligner lorsque nous sauverons les otages…

– Qu’il faudra mettre en avant même si nous sommes obligés de les laisser mourir, ajouta Shesh, hochant la tête en signe d’approbation. Je crois que nous sommes parvenus à un consensus, Chef Fey’lya.

Cette idée de consensus ne fit qu’envenimer la colère de Leia. Elle avait travaillé avec Borsk Fey’lya suffisamment longtemps pour savoir qu’il ne prenait de décision que dans son propre intérêt. Peu importe ce qu’il avait l’intention d’annoncer aux Yuuzhan Vong. Elle était certaine qu’il ne laisserait pas les Jedi entraver une possibilité d’arranger ses affaires.

– Ce à quoi vous êtes parvenus, Sénateurs, dit Leia d’un ton glacé, c’est un consensus de fous !

– Maman ?

Leia sentit Jacen projeter vers elle des ondes de la Force pour la calmer, pour apaiser sa colère. Elle perçut alors combien son fils était encore jeune. Le Sénat de la Nouvelle République n’avait rien de ce groupe dénué de défauts que le garçon imaginait. Il était à des encablures de ces exemples de bonne foi dont C-3PO lui avait rebattu les oreilles au cours de ses leçons d’éducation civique. Le Sénat était un rassemblement de gens assoiffés de pouvoir dont le dévouement politique ne servait qu’à dissimuler la quête personnelle. On ne mesurait plus le succès des sénateurs qu’à la durée de leur mandat. Et Leia eut honte de penser qu’elle avait joué un rôle si prépondérant dans la mise en place de cet organisme. Elle aurait avec joie tourné les talons et regagné l’ascenseur, elle aurait presque franchi d’un bond la rambarde de sécurité si son fils ne l’avait pas retenue au moyen d’une onde psychique.

Pour se justifier, elle alla tout de même jusqu’à la plate-forme et déclara :

– J’ai perdu plus de temps que nécessaire avec le CSMNR.

Borsk Fey’lya la rejoignit et se posta devant elle.

– Vous n’avez aucune raison de vous mettre en colère, Princesse. L’intégrité du Général Bel Iblis est au-dessus de tout soupçon.

– Je ne discute pas l’intégrité de Garm, Chef.

Leia se servit de la Force pour ouvrir la porte de l’ascenseur, derrière Fey’lya. Elle repoussa le chef d’Etat et avança sur la plate-forme. Jacen marcha jusqu’à elle, une main levée, prêt à la retenir au premier signe de faiblesse.

Lorsqu’ils atteignirent la mezzanine pour se diriger vers la sortie, le jeune homme demanda :

– Tu crois que c’était prudent de se comporter comme ça ? On a déjà assez d’ennemis au Sénat, non ?

– Jacen, je suis lasse du Sénat. Et c’est la deuxième fois, pour te dire la vérité.

Tout en parlant, Leia sentit un calme inattendu l’envahir. Elle était soudain plus forte, plus en harmonie avec elle-même. Elle sut que la signification de ses paroles dépassait la simple colère qu’elle nourrissait face aux politiciens. Elle avait perdu patience devant Fey’lya non seulement parce qu’elle était faible et fatiguée – ce qui était vraiment le cas –, mais aussi parce qu’elle sentait bien qu’elle n’appartenait plus du tout à ces arcanes du pouvoir, qu’elle ne croyait plus à ce processus qui plaçait des bureaucrates égoïstes à des postes de pouvoir, écrasant ceux qu’ils avaient juré de protéger. La Force la guidait, lui signalait que la Nouvelle République avait changé, que la galaxie avait changé et, plus que tout encore, qu’elle avait elle-même changé. Elle s’était engagée sur une nouvelle voie ; il était donc temps pour elle de renoncer aux préceptes de l’ancienne. Leia prit le bras de Jacen et déclara d’une voix plus paisible :

– Je ne me présenterai plus devant eux ou devant n’importe quel comité. Plus jamais.

Jacen demeura silencieux, mais sa détresse et son inquiétude étaient aussi lourds dans la Force que l’atmosphère au-dessus d’un marais de Dagobah. Leia passa son bras autour de la taille de son fils et, toujours aussi surprise de constater que son enfant de dix-neuf ans la dominait de plusieurs têtes, se serra contre lui.

– Jacen, il y a des fois où il est très dangereux de croire que les gens peuvent être bons, dit-elle doucement. Borsk est notre pire ennemi au sein du Sénat et il vient tout juste de nous le prouver.

– Vraiment ?

Ils quittèrent l’immense salle du comité et empruntèrent un long corridor qui leur était familier.

– Réfléchis, dit Leia. Le motif derrière l’objectif. Pourquoi donc Borsk voudrait-il s’adresser à un émissaire Yuuzhan Vong ? Qu’est-ce qu’il peut bien avoir à lui proposer en échange ?

Jacen resta silencieux et fit quelques pas. Puis il s’arrêta. La réponse venait de le frapper de plein fouet.

– Nous !